Florestan 1er
Prince de Monaco
Opérette en 3 actes et 6 tableaux de SACHA GUITRY

Couplets d'Albert WILLEMETZ

Musique de W. Richard HEYMANN
Orchestre sous la direction de M. LABIS
Danses réglées par M. Lucien DELANNAY


MM.

Rosambeau PAULEY

Florestan .. LESTELLY

Siméon Hertz HENRY-LAVERNE

L'Aubergiste Paul VILLE

Laurent Cadet LARQUEY

Ferdinand.. ARMONTEL

Le Chambellan.. Robert SELLER

Louis XVIII.. André REHAN

Saint-Pol CARLOS-AVRIL.

Rouyer
Un Emigré. DARCEL
Un Monégasque

Un Choriste
Un Soldat . AMIC
Un Monégasque

Un Choriste
Un Soldat.. JOSSELIN
Un Monégasque

Un Choriste
Un Valet DELANNAY
Un Monégasque

Le Régisseur
Un Jardinier .. BERGUET

Un Emigre
Un Monégasque RICHARD

Un Emigre
Un Valet REGAD
Un Monégasque

MMES.

Mésange Jacqueline FRANCELL

La Duchesse.. Geneviève VIX

Mme Andrée. Mady BERRY

Caroline . Jeannette FERNEY

Isabelle . Lucette ANDREA

Une Servante. Renée SENAC

Mme Rouyer. Adrienne DHERBLAY

Une Choriste
Une Chambrière. Simone VINCENT

Une Choriste
La Jolie Fille.. Hélène LAVOISIER

Une Choriste
Une Chambrière Laurence RIVOIRE
Une Monégasque

Une Choriste
Une Chambrière..Ginette VILMAN
Une Monégasque

Une Choriste
Une Chambrière. Carmen LOHEZE
Une Monégasque

Une Choriste
Une Monégasque.. Suzanne JANET

Une Servante. Alice DENEGE


Florestan 1er
Prince de Monaco
Opérette en 3 actes et 6 tableaux de SACHA GUITRY

Couplets d'Albert WILLEMETZ

Musique de W. Richard HEYMANN

décors d'Emile BEIITIN

Costumes exécutés par la Maison PASCAUD

Les maquettes des costumes
sont de Mlles Gratiane de GARDILANE et Elisabeth MOFFAT

Les coiffures sont de la Maison LEON

Les perruques de BERTRAND

Les chaussures sont de la Maison GALVIN

I.es meubles de l'opérette
ont été fournis par les GRANDS MAGASINS DU LOUVRE

Epinette GAVEAU

Valises de chez DELION

Articles de lunetterie de LEROY, Opticien

Fleurs de JOLIBOIS et PANSARD
cadres de la Maison OLIVIER

En scène comme à la ville
les Artistes fument les cigarettes GITANES
de la REGIE FRANÇAISE


Florestan 1er
Prince de Monaco

Oui, mes personnages sont historiques, et ma pièce l'est presque!

Un soir, au Théâtre de la Madeleine, il y a de cela deux ans, j'ai vu entrer dans ma loge un homme, un étranger, que je n'avais jamais rencontré de ma vie. C'était M. Sam Barlow.

Il me dit: « Monsieur, avez-vous lu le Figaro de ce matin ? »

- Non, Monsieur.

- Le voici. Lisez-le. Il me semble que vous y décou-vrirez un ravissant sujet de pièce.

Et je lus l'article suivant:

UNE CURIEUSE AVENTURE DE FLORESTAN 1er
PRINCE DE MONACO (1841-1856)

Au moment où l'on a rappelé la généalogie de l'an-tique famille des Grimaldi, à laquelle appartiennent les princes de Monaco, il nous a paru curieux de ra-conter ici une aventure de jeunesse peu connue, toute à l'éloge, du reste, de celui qui en fut le héros, du prince Florestan 1er, le grand-père du prince Albert et l'arrière-grand-père du prince Louis.

Le jour où l'on avait conduit à sa dernière demeure le modeste comédien qui avait résumé en lui le type le plus complet des comédiens nomades et burlesques, les journaux annoncèrent que cet humble corbillard avait été suivi par trois reines de théâtre, Mlle George, Mme Dorval et Mme Albert et... un prince régnant. Quel pouvait avoir été ce prince, et par suite de quelles circonstances avait-il été amené à venir saluer la dé-pouille de Rosambeau, car il s'agissait du fameux Minet de Rosambeau, une des dernières figures les plus originales que l'on ait vues depuis le Roman comique. Rosambeau, dont la vie n'avait été qu'un long tissu d'aventures dans lesquelles l'art, le talent, la misère, l'insouciance, le rire et les pleurs s'étaient tout à la fois heurtés.

Rosambeau, c'est-à-dire Hoffmann, Scarron, Gil-Blas, Larisolle et Larancune, le sublime coudoyant le ridi-cule, la résignation joyeuse, l'esprit toujours présent, la tête prompte, le coeur excellent, des fautes quelque-fois qu'on excuse, des défauts qui amusent.

Comment Rosambeau avait-il connu le prince Flo-restan, ou - mieux, comment le prince avait-il pu lui témoigner quelque affection ? La clé de cette énigme nous fut donnée par le docteur Poumiès de la Siboutie, qui fut pendant quarante ans l'ami du prince et qui recueillit cet aveu à son lit de mort: « On a fait sur mon compte courir bien des bruits ridicules, lui dit-il; la vérité c'est que j'ai appartenu quatre ans au théâtre. En cherchant bien, on retrouverait encore le nom de Florestan sur des programmes. Je jouais des rôles d'amoureux et j'étais très applaudi. Ma voix était douce et agréable, et j'avais par-dessus tout une tenue parfaite... De ces premières années, il m'est resté une sorte de passion pour tout ce qui tient au théâtre. J'en aurais eu un chez moi si je n'avais rencontré dans ma famille une opposition insurmontable. J'ai été lié avec les acteurs les plus haut placés. J'ai vécu dans leur intimité, et jamais je n'ai trouvé des hommes plus aimables et de meilleure compagnie. »
Tout ceci demande une explication: la République Française de 1792 avait dépossédé la dynastie des Gri-maldi de la Principauté de Monaco, et Honoré IV, prince régnant, s'était réfugié à Paris, dépourvu de toutes ressources. Son second fils, Florestan, âgé alors de six ans, l'y avait suivi et y fut élevé. Devenu ado-lescent, grand et fort pour son âge, il avait couru les théâtres du boulevard du Temple et, pour y pénétrer, n'avait trouvé rien de mieux que de s'y présenter comme figurant, humble fonction qu'il ne reniait pas par la suite. Puis on avait remarqué sa bonne tenue, sa distinction native; on lui confia les rôles de jeune amoureux au théâtre de la Cité (situé en face le Palais de Justice), au théâtre du Marais (rue Culture Sainte-Catherine), aujourd'hui rue de Sévigné.

Le 15 Août 1804 (il n'avait alors que dix-neuf ans), il remplit le rôle du roi de Prusse dans une pièce intitulée « Une Journée de Frédéric II ». Il avait passé également par l'Ambigu.

Que l'on ne s'étonne donc plus s'il avait connu Ro-sambeau - également de souche noble - et dont le père avait été ruiné par la Révolution. Tour à tour tambour à l'armée d'Italie, professeur d'escrime... et de mathématiques, perruquier à Londres, chanteur à Toulouse, mauvais cuisinier à l'ambassade de France à Constantinople, débuta à la Comédie-Française, acteur partout et partout supportable, Rosambeau était devenu acteur légendaire, se taillant des jabots et des manchettes en papier, se cirant les jambes à Metz pour remplacer des bas noirs absents, empruntant son uni-forme à un gendarme à Lille pendant la représentation et oubliant de le lui rendre à la sortie. Brave homme chargé de famille, toujours obligeant et prêt à partager son pain avec plus malheureux que lui.

L'Empire fit une pension aux princes de Monaco, et la Restauration leur rendit leur principauté. Ho-noré IV, père de Florestan, eut pour successeur son fils aîné, Honoré V, lequel céda la place à son tour à son frère cadet, Florestan 1er, qui n'avait pas oublié son vieux camarade Rosambeau.

Pourtant, cette confession faite au bon docteur Pou-miès de la Sicotie qui nous l'a transmise, avait été ac-compagnée d'un autre aveu : « J'ai beaucoup écrit, lui avait dit le Prince, mais je n'ai rien oublié; j'ai d'abord des Mémoires, des comédies, des vers, des relations de voyages. »
Qui publiera les Mémoires de Florestan 1er

Henry LYONNET.

Extrêmement alléché par la lecture de cet article, j'ai fait d'abord quelques recherches, c'est-à-dire quelques trouvailles historiques.

Aidé par M. Labande, membre de l'Institut et ar-chiviste de Son Altesse Sérénissime le Prince Louis de Monaco, quelques mois plus tard, j'ai fait une comédie dont les couplets sont de mon bien cher ami Albert Willemetz, puisqu'il est le maître des « lyrics » et puisqu'il m'avait présenté M. W. Richard Heymann, le compositeur déjà célèbre chez nous du « Congrès s'amuse » et des « Gars de la Marine ».

Mais qu'aujourd'hui l'on comprenne pourquoi je dédie Florestan 1er, Prince de Monaco, à M. Sam Barlow.

SACHA GUITRY